A moins de 2
semaines avant la rentrée scolaire (le 25 août) je voudrais faire un petit
récapitulatif de ce que nous avons aimé / pas aimé pendant les 6 premiers mois
de l’année pendant lesquels nos enfants ont fréquenté l’école ici. Je tiens à
souligner que ce que je vais noter ci-après est peut-être en partie spécifique
à notre école (une école publique de la ville de Baltimore).
Nous avons
aimé :
Le rituel du
début de classe
La journée d’école
commence par 10 minutes d’intervention du staff administratif (en général la
surveillante générale) par haut-parleur diffusée dans toute l’école. Tout
d’abord elle dit (et tous les enfants disent) le serment d’allégeance.
Si à ce moment-là pour une raison ou pour une autre, les parents se trouvent à
l’école, ils font au moins silence voire pour certains disent le serment (pour
certains la main sur le cœur). Mais quand on connaît le patriotisme des
américains cela n’a rien de surprenant. Et à force de l’entendre (et peut-être
répéter), mes enfants savent répéter le serment d’allégeance, au moins
phonétiquement/musicalement (pour le plus jeune).
Puis la
surveillante donne les nouvelles du jour : les points marquants, scolaires
ou extrascolaires, voire des informations administratives à l’attention
exclusive des enseignants (concernant tel dossier à remplir par exemple). Ces
annonces sont très animées, surtout quand il s’agit d’encourager les enfants.
On peut donc entendre la personne au micro mais aussi ses autres collègues
présents dans le bureau pousser des yeah ! et autres cris pour
marquer le contentement et l’encouragement des élèves. Le moins qu’on puisse
dire c’est que ça donne un caractère festif et informel.
ESOL (English for Speakers of Other Languages) ou ESL (English
as a Second Language)
Tous les élèves
de langue maternelle autre que l’anglais ont droit (de par la loi) à une prise
en charge personnalisée et une aide à l’apprentissage de l’anglais. Nous avons
de surcroît eu la chance d’avoir une professeure d’ESOL parlant le français, ce
qui a beaucoup aidé les enfants au début à ne pas se sentir isolés.
L’apprentissage
de la musique et du sport
Dans notre
école (qui va du Pre-K ou Moyenne Section de la maternelle à 8th Grade
ou la classe de quatrième) les enfants avaient droit à un enseignement de la
musique et du sport. C’est un luxe qui d’ailleurs ne sera pas reconduit à la
rentrée prochaine (voir plus loin), mais c’était très appréciable.
Le journal de
l’école
L’école publie
chaque mois un journal avec les nouvelles spécifiques à l’école ou plus
globales (concernant par exemple l’ensemble des écoles publiques de Baltimore
City). C’est une excellente idée toute simple qu’on ne reproduit toujours pas
dans les écoles que je connais en France, probablement pour une question de
coût de la reprographie ?
La présentation
de la directrice par intérim
La directrice
de notre école a quitté ses fonctions pour des raisons personnelles en cours
d’année. Une directrice par intérim a donc été nommée (je pense que c’était
directement par la ville) en attendant l’élection d’un nouveau directeur pour
la rentrée prochaine. Cela nous a donné l’occasion de voir les étapes de prise
de fonction par cette directrice par intérim qui apparemment avait très envie
d’être reconduite dans ses fonctions de façon définitive. Son sens de
communication m'a semblé à la hauteur des meilleurs cours et stages reçus en
entreprise. Ca a commencé par une lettre de présentation adressée aux parents
suivie d’une réunion de présentation organisée dans les plus brefs délais. La
réunion était à la fois très ludique (entrecoupée de jeux et devinettes) et
informative : elle s’y est présentée « dans sa globalité », en
parlant à la fois de ses hobbies, de sa famille et de son parcours
professionnel, le tout avec un PowerPoint très « pro ». Elle a
terminé sa présentation par son ambition pour notre école et a ajouté :
« voici mon numéro de portable. Vous pouvez m'appeler n'importe quand,
venir discuter dès que vous voulez. Sachez une chose : je vous écouterez
TOUJOURS. Je n'agirai pas toujours dans le sens que vous souhaitez MAIS je vous
aurai écouté ». Enfin elle a envoyé un courrier de remerciement aux
parents qui avaient participé à la réunion. Je dois dire qu’elle m’a
impressionnée par son professionnalisme et par ses talents de communicant.
La
participation aux prises de décision
Contrairement à
la France où beaucoup de choses sont centralisées et harmonisées, au moins au
niveau de la ville, ici beaucoup de choses se gèrent au niveau le plus local.
Et c’est notamment le cas de l’école. En effet le directeur de l’école a
beaucoup de pouvoir et gère véritablement le personnel éducatif et
administratif et décide, à partir des grandes lignes, de la répartition des
enseignements. Ainsi lors d'une réunion d'étape et d'information, l'ancienne
principale nous a expliqué qu'étant donné la réduction de budget reconduite
d'année en année, elle a d'abord décidé de passer le contrat du prof de sport à
mi-temps et que pour l'année prochaine elle devait décider s'il fallait
maintenir soit l'enseignement de l'art plastique soit celui de la musique. Elle
a fini la réunion en nous demandant d'écrire notre souhait anonymement sur des
feuilles distribuées et d'expliquer éventuellement notre raison. J'ajoute qu'à
cette réunion on était une 10aine (sur 350 élèves scolarisés, dont il est vrai
un certain nombre de fratrie comme c'est notre cas). Et je ne sais pas
exactement quel poids allait avoir notre vote mais j'avais l'impression en tout
cas que notre petite assemblée allait être considérée comme représentative des
parents d'élèves, puisque nous avions fait l'effort de venir!
Valentine’s Day
St Valentin qui
est très suivi ici et cette journée se traduit à l’école (mais aussi à la
crèche) par une journée de l'amitié.
L’école nous
avait donné des instructions pour amener (si on le souhaitait) des cartes pour
l'ensemble des enfants de la classe. Ce jour-là les enfants sont rentrés de
l'école non seulement avec des cartes de la St Valentin, mais aussi chacun avec
un sac plein de bonbons et gâteaux donnés par leurs copains. Et ils étaient
très fiers de nous les montrer et de se comparer entre eux. La maîtresse d'un
des enfants avait elle-même donné des cartes aux enfants de sa classe. J’ai
hâte de voir le déroulement de Halloween qui sera d’une ampleur bien plus
importante !
L’exclusion en
cas de poux (c’est plutôt un étonnement)
Au mois d’avril
nous les parents avons reçu une lettre du Bureau of School Health de la
ville de Baltimore signalant le début d’apparition des poux. La lettre
spécifiait que si le personnel de l’école constatait des poux chez un enfant,
celui-ci serait exclu de l’école dès le lendemain et ne serait réintégré
qu’après traitement par les parents. C’est radical mais probablement bien plus
efficace qu’en France où tout est incitation et prière adressée aux parents. Et
du coup nous n’avons pas entendu parler de poux à l’école une seule fois, alors
qu’en France on lit à peu près aux mêmes époques « les poux sont de
retour, merci de faire le nécessaire » etc., et ceci pendant des semaines.
Nous n’avons
pas aimé :
Les horaires
Bien qu’y étant
préparés à l’avance (dès la prise de contact avec l’école avant notre départ de
la France), nous avons eu du mal avec les horaires d’école. Que ce soit
l’horaire du début de journée (7h45 dans notre école) ou de fin de journée
(14h25), nous avons eu du mal à nous adapter. Déposer les enfants à 7h45 à
l’école m’a semblé comme une petite punition chaque jour ! A Lille l’école
commençait à 8h30 et j’ai l’impression que si tôt le matin ces 45 minutes
comptent au moins le double de leur valeur objective !
L’horaire de
fin d’école est aussi bizarre. On a beau tourner le problème dans tous les
sens, reprendre les enfants à l’école à 14h25 coupe vraiment l’après-midi trop
tôt. D’ailleurs nous avons opté pour un after school (qui permet de
récupérer les enfants à 18h).
De même à mon
sens avoir école 5 jours d’affilée ne permet pas aux enfants de souffler (alors
qu’en France jusqu’à récemment il y avait le mercredi de libre… mais tout ça va
malheureusement changer dès la rentrée de septembre !).
L’absence de
récréation
A l'école de
mes enfants il n'y a pas récréation (recess). C'est spécifique à cette
école qui comme certaines d'autres n'en a pas prévu à son programme. Il n'y a
pas de règle générale en la matière et c'est le directeur de l'école qui en
décide. Cela dit j'ai lu dans Baltimore Child (que j’ai déjà
cité) que c'est de plus en plus le cas aux Etats-Unis, et ceci pour 2 raisons
selon l'auteur : d'une part le souci du risque zéro poussé à l'extrême (les
enfants risquent de se blesser!) mais surtout parce qu'à cause des réformes de
l'administration Obama, toutes les écoles sont évaluées selon des critères
unifiés éducatifs et scientifiques (en haut desquels se trouvent la lecture,
l'écriture et les Maths). Du coup toutes les écoles concentrent leurs efforts
matériels et budgétaires sur ces matières, au détriment des autres.
Pourtant une
poignée de parents obstinés ont lancé l'idée qu'il en fallait une aux enfants,
et en particulier aux plus petits. J'avoue qu'au début j'étais interloquée par
la violence des résistances et toutes les précautions que prenaient les
« pour récré » pour ne donner aucun contre-argument aux
« contres ». L'idée était donc au début de faire UNE récré, une fois
par semaine, notamment pour les plus petits, récré qui devait être annulée s'il
y avait le moindre mauvais temps (ce qui était encore beaucoup le cas début
mars), et qui devait durer entre 5 minutes et 15 minutes (dans le meilleur des
cas). Ces parents « pour » (dont je faisais partie) avaient prévu
« les activités » à faire pendant la récré (jeux libres mais aussi
organisés par les parents bénévoles), avaient écrit un "manuel" de la
récré à l'usage des enfants (pas de bousculade, se mettre en rang dès que la
sonnerie retentit, pas de jeux de mains, etc.) et des adultes encadrants
(notamment SURTOUT PAS toucher un élève, et en cas d'altercation entre 2 élèves
essayer de les raisonner par la VOIX, sinon appeler quelqu'un du personnel)
etc.
Les principales
objections des « contre » étaient les suivantes :
- pas le temps
de faire une récré (a priori prévue avant ou après le déjeuner) : les enfants
allaient avaler leur déjeuner de travers, pas avoir le temps de finir, etc.
- peur que leur
enfant se blesse.
- maintenir à
la place le dessin animé projeté pendant le déjeuner. j'ai vu à ce sujet
défiler beaucoup de gens expliquant que même un dessin animé tel que Tom et
Jerry, en plus d'être récréatif est éducatif puisque le méchant y est puni et
qu'il y a toujours une morale dans l'histoire.
- certains
disaient « la récré c'est bien mais ils ont tellement de choses à
apprendre. Il vaut mieux plus axer sur les enseignements plutôt que sur la
récré ».
Bref il y avait
une telle virulence des « contre » que malgré la détermination des
« pour » tout ceci semblait bien mal parti. Mais en fait la direction
de l’école s’est rangée dans le camp des « pour » et à partir de ce
moment-là les choses sont allées beaucoup plus vite. Un membre de la direction
a dit un jour à une des nombreuses réunions « la question n'est pas SI il
va y avoir une récré, mais COMMENT. De toutes façons il n'y aura jamais 100% de
pour, l'important c'est d'écouter les objections et d'en tirer des
enseignements ». Une fois la décision prise il n’y a plus eu de
résistance, mais plutôt des remarques constructives. Personne n'a essayé de
contester la décision, de revenir en arrière, de lancer des « mais quand-même,
une récré, est-ce bien raisonnable ?, on devrait en rediscuter ... » comme cela
aurait été le cas en France. Et il a été acté qu’à la rentrée prochaine la
récréation fera partie du programme…
Le centrage sur
les academics, surtout pour les plus petits
L’image que
j’avais de l’école aux Etats-Unis ne correspond pas à ce que nous avons vu ici.
En particulier l’un de mes enfants était en Kindergarten (Grande Section
de la maternelle) et il a passé une bonne partie de ce début d’année à
travailler sur le spelling (se terminant par une dictée les vendredis)
et writting et avait des devoirs à la maison tous les soirs (alors qu’en
France les devoirs à la maison commencent en CP). L’apprentissage était
bien moins ludique qu’en France et bien trop sérieux pour cet âge (ce niveau
d’exigence correspond plus à ce que nous voyons en CP en France). Ajoutez à
cela le fait qu’en France les enfants apprennent la lecture par la méthode
syllabique (pas de spelling ou apprentissage lettre par lettre) et sont
tenus dès la maternelle à apprendre l’écriture cursive ou attachée (alors
qu’ici jusqu’à au moins 3rd Grade les élèves écrivent en script ou
détaché et je vois beaucoup d’adultes qui continuent à écrire en script). Tout
ceci a été dur à gérer pour mon 3e enfant et la sévérité de sa
maîtresse ne l’a pas aidé non plus. Mais ceci est plus conjoncturel.
La cantine
Les menus de la
cantine n’ont m’ont pas semblé très équilibrés. Le menu se compose d’un plat et
d’un dessert (pas d’entrée), ainsi qu’une boisson (lait froid à la fraise ou au
chocolat, mais pas d’eau). D’ailleurs le 1e jour d’école (et une des
seules fois où les enfants ont mangé à l’école) ils sont revenus assoiffés, car
ils n’avaient pas aimé la boisson à la cantine et n’avaient pas encore trouvé
les fontaines à eau ! Les plats sont souvent de type pizza ou humberger …
ou PBJ (peanut butter and jelly ou sandwich au beurre de
cacahouète et à la confiture, une véritable institution !) mais les
enfants peuvent aussi prendre des crudités au salad bar. Je ne sais pas
si beaucoup d’enfants se servent des crudités mais cela ne m’étonnerait pas si
un bon nombre s’arrête à la partie plus junk food. Dans notre école le
nombre du personnel de la cantine est très réduit et du coup le peu de personnel
effectue plus de la surveillance pour maintenir l’ordre et ne s’occupe pas du
tout de ce que mangent les enfants. Si l’enfant n’a rien mangé, ils jettent le
contenu de son plateau à la poubelle et c’est tout. D’ailleurs mon fils qui
était au Kindergarten est revenu un jour avec l’estomac dans les talons
car comme il n’aimait pas ce qu’on servait, il n’est tout simplement pas allé
chercher son plateau et personne ne l’avait remarqué. Alors qu’en France dans
les petites classes il y a un animateur par table d’enfants qui mange avec eux
et qui les incite fortement à au moins goûter à tout.
Du coup une
bonne partie des enfants amène son lunch box (comme d’ailleurs pas mal
d’adultes sur leur lieu de travail). Mes enfants étaient très contents
d’apporter leur déjeuner (et manger ce qu’ils aimaient), bien plus qu’être
obligés de goûter à tous les plats proposés à la cantine (comme c’est le cas en
France). Par contre cela fait un travail supplémentaire pour les parents, et
ceci tous les jours que dieu fait !
Les frais de la
cantine ne sont pas progressifs comme souvent en France. Ici il y a les
familles qui paient (environ $2 par repas) et ceux qui sont exonérés par
condition de ressources. Une famille qui a des difficultés financières peut
donc faire un dossier pour que son enfant mange gratuitement. Pour les autres,
si la famille n’a pas payé un certain nombre de fois (je ne connais pas les
conditions exactes), l’enfant n’a droit à midi qu’à un bol de céréales avec du
lait. C’est sûrement pour inciter la famille récalcitrante à réagir, mais c’est
je trouve une mesure très violente et je crois que ça ne passerait jamais en
France, ne serait-ce que parce que l’enfant ce jour-là ne passe pas inaperçu
parmi ses camarades… J’ai vu un jour où j’étais à l’école à l’heure de midi un
enfant qui devait être en CE1 (2d Grade) qui avait pris un plateau et
qui arrivé à la caisse s’est vu retirer son plateau car sa famille n’avait pas
réglé la cantine. A la place il s’est vu remettre le bol de céréales et le
lait. Il avait l’air de ne pas comprendre tout à fait ce qui se passait. Et
j’ai trouvé cette scène extrêmement violente, même si je ne connais absolument
pas le contexte dans lequel ça s’est déroulé. J’en ai ressenti comme un coup de
poing à l’estomac.
La récompense
par la nourriture
La récompense
par la nourriture est très courante dans notre école. Que ce soit pour les bons
résultats ou par exemple pour avoir réussi à rassembler beaucoup d’argent pour
un projet de l’école, les enfants reçoivent régulièrement soit directement de
la nourriture (bonbons mais aussi par exemple une part de pizza à la cantine)
soit par exemple un bon pour acheter de la glace dans un magasin du quartier.
Je suis très contre cette habitude et j’ai plus d’une fois joué la méchante
maman en leur enlevant ces « récompenses » (cependant moins souvent
que j’en avais envie …)
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