Quand nous sommes partis en 2014
pour un séjour d’un an aux USA, mon mari avait obtenu une bourse Fulbright et
nous en étions très contents. Tout d’abord parce que comme la direction de la
Commission Franco-Américaine le rappelle, c’est
une bourse d’excellence qui récompense les meilleurs projets dans des domaines
aussi divers que les sciences pour l’ingénieur, les arts ou la médecine, avec
l’objectif de promouvoir « l’amitié entre les peuples américains et
français » (Cette même bourse
d’échange existe d’ailleurs entre les Etats-Unis et de nombreux autres pays).
Ensuite parce que la bourse apporte une
aide financière significative (toutefois insuffisante pour un séjour aux USA en
famille) et s’accompagne de
l’obtention automatique d’un visa J1 pour le boursier (et J2 pour ses
« dépendants ») auprès du Département d’Etat. Or tous ceux qui
souhaitent séjourner aux Etats-Unis savent que la question du visa est loin
d’être anecdotique.
La Commission Franco-Américaine
avait également souligné que le statut Fulbright est très prestigieux et
apprécié aux Etats-Unis (bien plus qu’en France) et qu’il ne fallait pas
hésiter à le mentionner. Il est difficile d’évaluer l’impact réel de ce statut
mais je pense que le mentionner ne fait pas de mal et il nous a facilité la
première prise de contact à plusieurs reprises lors de notre séjour en 2014.
L’obtention de cette bourse
Fulbright a été donc très positive pour nous … mais il faut aussi mentionner les
contraintes qui y sont associées. La
contrainte principale est l’obligation de passer deux ans à la fin du séjour
dans son pays d’origine. En effet il est bien mentionné dans les documents
d’obtention des visas J1 et J2 que les détenteurs de ces visas doivent se
soumettre à cette obligation avant de prétendre à tout visa de séjour de longue
durée ou de travail (autre que le visa de tourisme ou un nouveau visa J).
L’objectif affiché pour les Etats-Unis est de ne pas être accusé de contribuer
à la fuite des cerveaux et talents des pays d’origine. De plus les anciens
boursiers sont censés revenir dans leurs pays et promouvoir un « mutual
understanding », l’amitié entre leur peuple et le peuple américain…
Certains détendeurs de visa J
(dont certains boursiers Fulbright) cherchent cependant à rester aux USA à
l’issue de leur séjour initial. En effet étant donné leurs
« talents » certains reçoivent par exemple des propositions d’embauche
aux Etats-Unis. C’est évidemment strictement interdit. Cela n’a pas été notre
cas (pas de proposition et pas de volonté de rester dans l’immédiat aux
USA !), mais nous avons cependant
été confrontés par la suite au poids de cette contrainte.
En effet mon mari a reçu
récemment une proposition de travail aux USA, dans son domaine (il est
professeur d’université). Nous pensions dans un 1e temps que si un
employeur potentiel « sponsorise » quelqu’un, il est possible
d’obtenir une dérogation à la règle des 2 ans, surtout si une majeure partie de
ce temps est déjà effectuée. En effet nous sommes revenus en France en janvier
2015, soit depuis plus de 16 mois déjà. Mais il semblerait que quasiment aucune
dérogation n’est accordée aux ex-visas J, et encore moins aux anciens boursiers
Fulbright. En effet c’est une obligation inscrite dans le « Immigration
and Nationality Act », inscrit dans la loi et donc dans le marbre… et elle
est donc quasi incontournable.
De plus nous n’atteindrons le
délai requis qu’au premier semestre 2017. En effet nous avons passé 2 mois
l’été dernier dans le Colorado, ainsi que 15 jours cette année en vacances aux
USA. Par ailleurs dans le cadre de son travail universitaire et de recherche
mon mari a effectué plusieurs séjours courts aux Etats-Unis. Or toute absence est comptabilisée et le délai requis est d'autant rallongé. De ce fait, la fin
de ces 2 ans requis de temps de séjour en France ne sera atteinte que courant 2017.
En résumé, la bourse Fulbright est une excellente opportunité de se
confronter à la vie personnelle et professionnelle aux USA, de sortir du cadre
de tourisme, et de mieux comprendre ce peuple et ce pays. Les conditions
d’obtention du visa (automatique puisque le boursier et sa famille n’ont aucune
démarche à faire), l’aide financière et le prestige de cette bourse sont un
cadre idéal pour une première découverte personnelle et professionnelle (en
dehors du cadre de tourisme). Mais il
faut garder à l’esprit que si vous tombez amoureux de ce pays ou si du moins
vous avez envie de faire un bout de chemin de l’autre côté de l’Atlantique, la
bourse Fulbright est assortie de contraintes fortes et incontournables.
Quant à nous, après nous être
beaucoup grattés la tête (et avoir contacté des avocats spécialisés via
l’université), nous avons décidé de laisser le temps au temps. D’autant plus
que l’université s’est déclarée d’accord pour attendre un an supplémentaire (ce
qui prouve que les boursiers Fulbright ont quand-même du talent :p )
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